jeudi, avril 18, 2024

Tunisie : Des campagnes pour dénoncer le harcèlement contre les femmes

Les actions de sensibilisation au harcèlement contre les femmes dans les moyens de transport en commun se multiplient. Le but est d’inciter les femmes à briser le mur du silence, et de dissuader le harceleur et lui faire prendre conscience que son comportement ne sera plus impuni. Il s’agit aussi de faire connaître les dispositions de la législation sur la violence faite aux femmes, auprès du public cible et au-delà.

La Loi organique n’o 58 d’août 2017, portant sur l’élimination de la violence faite aux femmes, qui est entrée en vigueur en février dernier, prévoit dans son article 17 une amende de 500 à mille dinars contre celui qui importune une femme dans l’espace public par un fait, parole ou geste de nature à attenter à sa dignité ou à sa pudeur. La victime devrait le savoir pour parler, et le harceleur devrait être conscient que sa conduite sera punie.

Après le Grand-Tunis, c’est à Sfax que le CREDIF a réédité cette année sa campagne « Ma Yerkebech » (le harceleur ne monte pas avec nous). Elle a été organisée du 17 octobre au 02 novembre 2018, en partenariat avec la société régionale de transport du gouvernorat de Sfax, « SORETRAS » et la société civile (association des femmes démocrates, et association Mouwtinet (citoyennes), avec l’appui du FNUAP. Cette campagne était un baromètre pour voir le degré de conscience du public cible de la loi 58, a souligné ce mercredi le CREDIF, lors de la présentation de ce qu’il a appelé les outputs de la campagne.

Plus de la moitié des femmes tunisiennes, soit 53 % sont sujettes à une forme de violence dans l’espace public. Selon les résultats d’une étude effectuée en 2015 par le CREDIF sur la violence fondée sur le genre social dans l’espace public, sur un échantillon de  3886 femmes et 700 hommes, 1776 femmes qui empruntent le transport public à travers le pays se disent y être l’objet de  violence notamment de harcèlement. La même étude a montré que le harcèlement et la violence sont élevés à Sfax. 50 % des femmes du gouvernorat affirment être victimes de violence dans la rue, 46 % de violence verbale et psychologique, 13 % de violence physique et 13 % de violence sexuelle, également dans la rue, a-t-on fait savoir.

Le CREDIF compte renouveler la même campagne à travers les différentes régions du pays, en tenant compte de nombre de recommandations pour en optimiser l’impact, comme le fait d’impliquer les parties sécuritaires, de lancer d’autres opérations analogues, et d’organiser des sessions de formation à l’intention des agents des sociétés de transport.

Parallèlement à l’action du CREDIF, l’ONG  Friedrich-Ebert a lancé ce mercredi sa campagne « Matoskotch Makech Wahdek » (Ne gardes pas le silence, tu n’es pas seule), dans le cadre de son programme génération d’avenir. Là aussi, il est question de sensibiliser au harcèlement dans les moyens de transport en commun et d’inciter les femmes à parler et à dénoncer leurs agresseurs. Selon les instigateurs de cette campagne,  80 % des femmes en Tunisie sont victimes de harcèlement sexuel.

Le principal message de ces actions grand public est de dire aux femmes, qu’elles ne sont plus désormais seules, et qu’une loi les protège ; d’exclure le harceleur, et de lui faire peur. L’objectif ultime est de traduire dans les faits les dispositions de la loi 58, une véritable avancée en matière de prévention et de lutte contre ce fléau, qui a longtemps sévi dans l’impunité, avec des complicités de toutes parts, et des victimes qui n’osaient pas rompre leur mutisme.

Source Gnet    

 

 

 

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